Deuxième volet de l’aventure « Plumes Croisées », la collaboration ivoirienne prit place pendant la crise politico-militaire, à forte composante religieuse et ethnique, que connue le pays entre 1993 et 2007 et dont les effets se firent encore sentir en 2010 et 2011.
Jadis, une des nations africaine les plus fortes économiquement parlant, la Côte d’Ivoire perd en 1993 son président tout puissant Félix Houphouët-Boigny. Elle devient dès lors le lieu de luttes interethniques entre le nord du pays, pauvre et à majorité religieuse musulmane, et le sud, chrétien et détenant les ressources économiques nécessaires pour le contrôle du pouvoir.
La Côte d’Ivoire voit entre 1994 et 1995, soit sous l’égide de son nouveau président Henri Konan Bédié, la réintégration progressive du concept d’ivoirité scinder la population. Jusqu’alors, durant les années Houphouët-Boigny (1960 - 1993), les cartes d’identités avaient été largement distribuées pour des raisons électorales et la détention d’un passeport ivoirien état suffisant afin de prouver son appartenance à la nation ivoirienne. Cette nouvelle politique instaura un climat de tension permanente dans le pays.
En 1999, suite à un coup d’Etat militaire mené par le général Gueï, Henri Konan Bédié est renversé. Le concept d’ivoirité reste cependant d’actualité et donne lieu à de grands débats, notamment dans le cadre de l’inscription de celui-ci dans la nouvelle Constitution ivoirienne. [Elle stipule que seuls les Ivoiriens nés de parents ivoiriens peuvent se présenter à une élection présidentielle. Le débat se focalise notamment sur la mention "et" de l'article 35 ("Le candidat à l'élection présidentielle [...] doit être ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine") .]
Le général Gueï est à son tour écarté du pouvoir en 2000 suite à sa tentative de fraude électorale lors de l’élection présidentielle devant le nommé officiellement président de la république. Laurent Gbagbo, vainqueur de l’élection, le remplace à la tête de l’Etat à la suite de violents affrontements dans tout le pays entre les partisans des différents candidats à l’élection (notamment Gueï, Gbagbo et Alassane Ouattara). Ces derniers firent pas moins de 303 morts, 65 disparus et 1 546 blessés.
Une nouvelle tentative de coup d’Etat mené par le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPI) survint en septembre 2002 simultanément à Abidjan, Bouaké et Korhogo.
Bien que l’attaque d’Abidjan n’ait pas été couronnée de succès, les deux autres villes ainsi que progressivement 60 % du pays tombèrent aux mains du MPI. Ces attaques de septembre 2002 vont conduire à 5 années de guerre opposant le nord sous contrôle des rebelles et le sud du pays et conduiront notamment à une intervention de la France ainsi que de la CEDEAO (La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) afin de faire cesser le conflit.
Ce n’est qu’en 2007, avec une courte interruption du conflit en 2003, que fut trouvé un accord de paix, les accords de Ouagadougou, entre les rebelles du nord du pays et les forces gouvernementales au sud.
2010 verra cependant une résurgence des violences en Côte d’Ivoire, et ce notamment en raison du refus de quitter le pouvoir de Laurent Gbagbo ayant pourtant perdu les élections au profit d’Alassane Ouattara. Ces violences se déroulèrent entre décembre 2010 et avril 2011 et firent plus de 3000 morts. Depuis avril 2011, Laurent Gbagbo est incarcéré à la Haye en attendant son procès pour crime contre l’humanité.
La situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire reste préoccupante encore aujourd’hui. Les années de crises ont profondément marquée la société ivoirienne et le concept d’ivoirité mis en place durant ces sombres années continu de faire des victimes de ségrégations ethniques. Les attaques de groupes armés non-identifiés à l’encontre des forces militaires ivoiriennes sont encore monnaie courante. Elles ont fait nombre de victimes ces dernières années tant chez les militaires que dans la population civile et sont à l’origine de la commission de nombre de violences sexuelles.
Un autre aspect actuellement problématique en Côte d’Ivoire est la création d’une force de police militaire afin de mettre fin aux abus commis par l’armée. Dans la pratique, cette police militaire commets, tout comme le font aussi les Dozos, (milice financées par l’Etat), de nombreuses violations des droits de l’homme et en particuliers pratique la détention arbitraire et la torture, parfois avec des conséquences funestes, d’opposants au gouvernement ou de personnes considérées comme tel.
Après les nombreuses années de conflits et de tentions qu’a connu la Côte d’Ivoire, 160'000 personnes d’origine ivoiriennes sont encore déplacées, que cela soit à l’intérieur du pays ou à l’extérieur de ses frontières. Rien que cette année ce chiffre a augmenté de 13’000 personnes en raison des violences ponctuelles qui frappent le pays.
Finalement, le pays fait face à de nombreux problèmes au sein de son système judiciaire et les cas d’impunité pour violations des droits de l’homme y sont légion.
Patrick Chappatte et ses collègues caricaturistes avaient pour objectifs d’illustrer l’actualité en Côte d’Ivoire loin du regarde partisan de la presse local, souvent corrompue et influencé par les forces en opposition dans le pays.